Le « Michigan mugging » de Trump échoue, les républicains eux-mêmes résistent à sa pression…

New York – La tentative d' »agression dans le Michigan » de Donald Trump échoue. Deux législateurs locaux, des républicains, ont dit non à la tentative extrême du président de renverser les règles et de faire chuter les sondages dans cet État industriel du Midwest conquis par Joe Biden. Les deux républicains convoqués à la Maison Blanche ont répondu avec fermeté : selon eux, il n’y a aucune raison de renverser le résultat des élections. C’est une rebuffade pour le président, qui est à court de dernières tentatives pour ne pas reconnaître la victoire du démocrate. « Incroyable irresponsabilité. Mauvais signal au monde entier, sur le fonctionnement de la démocratie ». La « patience » que Joe Biden conseillait à ses électeurs jusqu’à il y a quelques jours laisse place à l’indignation.

La dernière carte atout tente de renverser le verdict des urnes est qualifiée par les historiens de geste sans précédent. Certains constitutionnalistes considèrent que c’est ce qui se rapproche le plus d’un coup d’État par rapport à la tradition américaine de respect de la volonté des électeurs. Vendredi soir, M. Trump avait convoqué à la Maison Blanche les représentants républicains élus à l’assemblée législative du Michigan dans un seul but : les convaincre de désigner des « grands électeurs » qui voteraient pour lui en tant que président. Le problème est que les habitants du Michigan ont choisi Biden.

Le projet de Trump est lié à une particularité du système électoral américain : en principe, le choix du président se fait au suffrage universel, mais formellement, il s’agit d’une sorte de vote indirect. Il y a deux étapes : d’abord, chaque État doit certifier le verdict de l’urne ; ensuite, c’est l’assemblée législative de l’État qui désigne les membres du collège électoral qui siphonnent les voix des citoyens à Washington et aident à désigner le nouveau chef de l’exécutif. En théorie, les assemblées législatives locales peuvent donc aussi faire abstraction de la volonté des électeurs réels et désigner des « grands électeurs » de signe politique opposé. Ce serait une telle violation de la volonté du peuple que cela justifierait des comparaisons avec un coup d’État. Trump a espéré ce coup car plusieurs États clés qui ont voté pour Biden ont des parlements locaux à majorité républicaine : outre le Michigan, c’est le cas du Wisconsin, de la Pennsylvanie, de la Géorgie.
Trump’s est une course contre la montre car son plan est impossible dans les États qui ont déjà officiellement certifié le verdict des urnes. Le Michigan, le Wisconsin, la Pennsylvanie sont très près de prendre cette mesure irréversible, la Géorgie l’a prise hier soir. La pression exercée par Trump sur les élus locaux de son parti a été formidable, ce qui rend d’autant plus significatif le fait que les deux élus du Michigan n’ont pas cédé.
Le calendrier est désormais serré pour lui : d’ici le 8 décembre, les États doivent avoir certifié les résultats, de sorte que le 14 décembre, le comptage aura lieu au niveau national. Pour que les parlements des différents États puissent renverser la volonté de l’électorat, ils doivent disposer de justifications solides : fraudes massives, litiges juridiques qui empêchent la certitude du résultat. Mais l’équipe juridique de M. Trump continue de perdre des affaires de fraude présumée devant les tribunaux. Elle a réussi à obtenir des recomptages des bulletins contestés, mais aucun n’a jusqu’à présent inversé le résultat. Dans certains cas, on soupçonne qu’elle voulait gagner du temps pour se rapprocher de la date du 8 décembre sans que les États puissent certifier le résultat final du vote, ouvrant ainsi la voie au scénario de « l’agression » dans la législation locale.
Les machinations de Trump provoquent également la condamnation de son parti. Comme toujours, le chef des dissidents est Mitt Romney, ancien candidat à la Maison Blanche en 2012 contre Barack Obama. Le sénateur de l’Utah, le républicain Romney, a tenu des propos très durs à l’égard de son président : « Après avoir échoué à toutes les tentatives de prouver la fraude, le président fait maintenant pression sur les élus locaux pour qu’ils renversent la volonté du peuple et annulent le vote. Il est difficile d’imaginer un comportement plus antidémocratique de la part d’un président sortant ». La réaction ferme des deux républicains du Michigan semble indiquer que Romney n’est plus une voix isolée au sein du Grand Old Party, et que la solidarité avec le président sortant s’affaiblit.

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