Crâne de Whatcheeria – Chicago Field Museum via SWNS
Un prédateur terrifiant qui vivait il y a 340 millions d’années a été surnommé « le T. rex de son époque ».
Nommé Whatcheeria deltae, il possédait d’énormes dents acérées comme des rasoirs et, en plus d’être l’une des premières créatures à chasser sur terre, il avait un mode de croissance qui ressemblait davantage à celui des humains qu’à celui des reptiles, des amphibiens ou des poissons.
Son corps ressemblait à celui d’une salamandre et sa tête longue et étroite atteignait plus d’un mètre quatre-vingt du nez à la queue. Une nouvelle étude portant sur l’os de sa cuisse a révélé que, contrairement aux amphibiens modernes, la whatcheeria grandissait très vite.
En général, cette créature fascinante, comme le disent les auteurs, « a brouillé la division ostensible entre les adaptations aquatiques et terrestres. »
« Si vous voyiez la watcheeria dans la vie, elle ressemblerait probablement à une grosse salamandre en forme de crocodile, avec une tête étroite et beaucoup de dents », a déclaré le coauteur de l’étude, Ben Otoo, étudiant en doctorat à l’Université de Chicago. « Si elle se recroquevillait vraiment, probablement dans une mesure inconfortable, elle pourrait entrer dans votre baignoire, mais ni vous ni elle ne voudraient qu’elle s’y trouve ».
Le Dr Otoo et ses collègues ont examiné environ 350 spécimens conservés au Chicago Field Museum, allant de simples os à des squelettes complets.
Des rainures osseuses dans son crâne pour les organes sensoriels révèlent qu’il passait la plupart de son temps sous l’eau.
« Il aurait probablement passé beaucoup de temps près du fond des rivières et des lacs, s’étirant et mangeant tout ce qui lui plaisait », a déclaré Otoo. On pourrait vraiment appeler cette chose « le T. rex de son temps ».
Mais pourquoi les scientifiques s’intéressent-ils à la vitesse de croissance de whatcheeria ? Parce que l’animal faisait partie de la lignée qui a finalement évolué vers les animaux à quatre pattes vivant aujourd’hui, y compris les humains.
« Whatcheeria est plus étroitement lié aux tétrapodes vivants, comme les amphibiens, les reptiles et les mammifères, qu’à quoi que ce soit d’autre, mais il se situe en dehors de ces groupes modernes », a déclaré le co-auteur, le Dr Ken Angielczyk, conservateur au Field Museum. « Cela signifie qu’il peut nous aider à apprendre comment les tétrapodes, y compris nous, ont évolué ».
Whatcheeria était un tétrapode, un groupe qui comprend les amphibiens, les reptiles, les mammifères et les oiseaux. Ils ont évolué à partir des poissons à nageoires lobées au cours de la période du Dévonien moyen, qui a commencé il y a 419 millions d’années.
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Certains whatcheeria au Field Museum font six pieds et demi de long, tandis que d’autres sont beaucoup plus petits. Cela signifie qu’il y avait une opportunité d’étudier comment ils ont grandi.
Les chercheurs ont analysé au microscope les os fibrolamellaires, ou os de la cuisse, de neuf individus allant du juvénile à l’adulte. Lorsqu’un animal grandit, ses os créent des anneaux de croissance, un peu comme un arbre, ce qui peut renseigner un scientifique sur la vitesse des différentes phases de croissance.
Chez les tétrapodes modernes, certains animaux grandissent beaucoup à l’âge juvénile, puis s’arrêtent lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. C’est le cas des oiseaux et des mammifères, dont nous faisons partie. Mais d’autres animaux comme les crocodiles et de nombreux amphibiens continuent à grandir petit à petit toute leur vie.
L’étude a révélé que le whatcheeria a grandi rapidement lorsqu’il était jeune, puis s’est stabilisé au fil du temps, ce qui lui confère une étrange connexion inter-neuronale avec nous. Selon les auteurs, la raison en est que pour être un prédateur apex, les animaux doivent souvent devenir grands et rapides. Il est donc plus facile de chasser et plus difficile d’être chassé.
Mais grandir très vite et très gros demande une énorme quantité d’énergie, ce qui peut être un problème s’il n’y a pas assez de nourriture et de ressources.
En plus d’apporter un éclairage nouveau sur les premiers tétrapodes, ces découvertes nous rappellent que l’évolution n’est pas un processus bien défini, étape par étape, mais une série d’expériences.
« L’évolution consiste à essayer différents modes de vie et différentes combinaisons de caractéristiques », a déclaré le Dr Angielczyk, « et vous obtenez ainsi un animal comme whatcheeria qui est un tétrapode précoce, mais qui se développe aussi très rapidement. C’est un animal très grand pour son époque ».
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« Il a ce squelette bizarre qui lui permet potentiellement de faire des choses que certains de ses contemporains ne faisaient pas. Il s’agit d’une expérience sur la façon d’être un grand prédateur, et cela montre à quel point la vie sur Terre était et est encore diverse. »
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