Genève – La planète reste sur la voie d’un réchauffement accéléré qui pourrait entraîner une hausse des températures allant jusqu’à 3 degrés Celsius (37,4 degrés Fahrenheit), contre 1,5 dans le cadre de l’Accord de Paris ou 2 comme limite supérieure, a averti jeudi le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas.
« Nous sommes maintenant sur la voie d’un réchauffement de 3 degrés, au lieu de 1,5 à 2 degrés. Il serait bénéfique pour le bien-être des humains, de la nature et de la planète de ne pas dépasser l’objectif de 1,5 % », a déclaré M. Taalas, qui a déclaré lors d’une conférence de presse que la pandémie n’avait pas d’impact bénéfique – au-delà du court terme – sur le changement climatique.
L’OMM dispose déjà de mesures qui montrent que si les émissions de dioxyde de carbone ont été réduites pendant un certain temps grâce aux mesures de confinement, elles augmentent rapidement après cette période.
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Changement climatique et pandémie
M. Taalas a comparé la façon dont COVID-19 a perturbé la vie de chacun avec l’impact qu’aura le changement climatique, qui sera, selon lui, beaucoup plus grave et à très long terme, en particulier si les pays ne prennent pas de mesures décisives pour l’atténuer.
« Si nous ne parvenons pas à atténuer les effets de la pandémie, nous aurons un problème permanent pendant des centaines, voire des milliers d’années, et ses effets sur le bien-être humain et l’économie seront bien plus dramatiques que ceux de la pandémie, et il est bon de s’en souvenir », a-t-il souligné.
Les estimations citées dans le rapport indiquent qu’entre janvier et juillet, les émissions mondiales des secteurs de l’électricité et de l’industrie étaient déjà au même niveau, voire supérieures, à celles de la même période avant la crise sanitaire.
Les émissions des transports terrestres ont baissé d’environ 5 %, ce qui se traduit (hors aviation et transport maritime) au cours des sept premiers mois de cette année par des émissions restant aux mêmes niveaux qu’en 2019.
Données et projections négatives
Le rapport indique qu’il est très probable que, dès les cinq prochaines années, les températures dépassent temporairement le seuil de 1,5 degré Celsius par rapport à celles enregistrées à l’ère préindustrielle (1850-1900).
Suivant la même tendance, la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère – les gaz à l’origine du réchauffement climatique – continue de battre des records.
En outre, ce rapport – établi par l’OMM en collaboration avec d’autres agences du système des Nations unies – confirme que les températures moyennes entre 2017 et 2021 sont les plus élevées jamais enregistrées sur une période de cinq ans et qu’elles étaient supérieures de 1,06 à 1,26 degré à celles d’il y a 150 ans.
« Ce qui s’est passé au cours du siècle dernier est clairement une anomalie par rapport aux estimations dont nous disposons pour les 100 000 dernières années et cela a un impact majeur sur la santé humaine », a expliqué M. Taalas.
Différence avec le rapport du GIEC
Le rapport présenté en août dernier par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indiquait que l’augmentation de la température était d’environ 1,1 %, mais les données qu’il utilisait avaient quelques années de retard en raison de la nature de l’analyse requise, alors que le rapport d’aujourd’hui couvre jusqu’au premier semestre de cette année.
M. Taalas a rappelé que l’augmentation de la température atmosphérique est également liée aux récents événements météorologiques extrêmes, tels que les récentes vagues de chaleur dans l’ouest du Canada et des États-Unis, ainsi que les graves inondations en Allemagne et en Belgique.
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Il s’agissait dans les deux cas de phénomènes très inhabituels, qui se produisaient habituellement tous les 100 ans, mais qui, en raison du changement climatique, « peuvent désormais se produire tous les 20 ans, voire moins », selon le secrétaire général de l’OMM.