Attentat à Vienne, toutes les fuites des services de renseignement autrichiens : le terroriste a donc échappé au système de prévention

VIENNE – 48 heures après l’attentat terroriste dans le centre de Vienne dans lequel quatre personnes (deux Autrichiens, un Allemand et un Macédonien) ont trouvé la mort, il est clair que tout le système de prévention autrichien est défaillant. Et pas seulement parce que l’auteur du massacre, Kujtim Fejzulai, 20 ans, déjà condamné en 2018 pour avoir tenté de rejoindre la Syrie, a trompé les deux programmes de déradicalisation auxquels il a été soumis. L’été dernier, le gouvernement slovaque a signalé à l’appareil de renseignement autrichien un voyage de Fejzulai à Bratislava au cours duquel il a tenté d’acheter des munitions pour des fusils d’assaut. « Il est évident que quelque chose dans la communication qui a suivi n’a pas fonctionné », a admis, embarrassé, le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer.

Les rapports des Slovaques

Allons-y dans l’ordre. Le document établi par la police de la République slovaque est daté du 23 juillet 2020. Il s’agit d’une BMW blanche, avec des plaques autrichiennes, trouvée dans les environs de Bratislava deux jours plus tôt, le 21 juillet. A bord, il y avait deux personnes, « probablement d’origine arabe, turque ou tchétchène », qui venaient de tenter d’acheter, dans certains armureries de la ville, des balles de calibre 7,62 pour des fusils de modèle Ak-47. Exactement l’arme utilisée lors du massacre de Vienne. Le rapport n’était pas avare de détails : il contenait le numéro d’immatriculation du véhicule, les noms des passagers et les dates de naissance. Par l’intermédiaire d’Europol, les informations ont été transmises à la police autrichienne, qui a identifié les deux sujets le 10 septembre. L’un d’eux était Kujtim Fejzulai lui-même.

Cela aurait dû allumer tous les radars et feux rouges du Bvt (Bundesamt für Verfassungsschutz und Terrorismusbekämpfung), l’Office fédéral pour la protection de la Constitution et la lutte contre le terrorisme, qui est responsable de la surveillance des combattants radicalisés et étrangers sur le territoire de l’État autrichien. Mais rien n’est arrivé. Le niveau d’alerte pour le terroriste Kujtim Fejzulai, déjà condamné (il a dû purger une peine de 22 mois et a été libéré après 9 mois), est resté inexplicablement bas. « Nous avons l’intention de mettre en place une commission d’enquête indépendante – a annoncé le ministre de l’Intérieur – pour faire la lumière sur la libération anticipée et l’alerte de juillet ».

La taupe présumée

Ce n’est pas la seule somme d’argent pour le gouvernement du chancelier Kurz. Le journal en ligne Heute a en effet publié les déclarations d’une source anonyme, accréditée comme appartenant aux forces de police, qui prétend que Fejzuali aurait pu avoir connaissance de l’opération Ramses, une vaste activité anti-terroriste prévue pour le mardi 3 novembre, qui visait à démanteler d’éventuelles cellules islamistes et à effectuer des perquisitions à Vienne, St.

« L’opération Ramses – a expliqué l’initié à Heute – ne visait pas le réseau de l’agresseur, mais certains de ses contacts étaient sur la liste des cibles. Il est probable que le tueur a pu être mis en garde par quelqu’un, par exemple par un interprète ». Pour l’instant, il ne s’agit que d’une hypothèse, non trouvée. « Je ne peux pas le confirmer, nous faisons des recherches », a simplement déclaré M. Nehammer.

La chasse aux complices

Pendant ce temps, les enquêtes se poursuivent pour identifier le réseau de contacts du tueur, notamment pour savoir qui lui a fourni le fusil et le pistolet Tokarev. Les 12 personnes arrêtées en Autriche, parmi lesquelles se trouve un terroriste présumé et un islamiste connu et influent à Linz, sont pour la plupart des migrants de deuxième et troisième générations, citoyens de l’UE mais originaires de Macédoine du Nord, du Kosovo et d’autres pays des Balkans. Ils ont tous un rapport avec le tueur, bien qu’on ne sache pas exactement comment, qu’il s’agisse de simple connaissance ou d’autre chose. L’analyse en cours des 20 000 films tournés par les téléphones portables et les caméras de surveillance dans le centre de Vienne lundi soir fait pour l’instant dire au ministre de l’intérieur que c’est seulement Fejzulai et non un commando qui a agi.

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