Écoutez cette espèce de lémurien « chantant » qui possède des « caractéristiques musicales communes » comme les humains.

Charles J. Sharp, licence CC

Les oiseaux chanteurs ont le même sens du rythme que les humains, mais il s’agit d’un trait rare chez les mammifères non humains. Maintenant, on a découvert que nous pouvons ajouter le lémurien indri à la courte liste d’animaux dont nous savons qu’ils apprécient le sens du rythme.

« La compréhension de l’évolution de la musicalité humaine suscite un intérêt de longue date, mais la musicalité ne se limite pas à l’homme », explique Andrea Ravignani, du MPI, qui a dirigé une équipe de recherche internationale chargée de rechercher des capacités musicales chez les primates. « La recherche de caractéristiques musicales chez d’autres espèces nous permet de construire un « arbre évolutif » des traits musicaux, et de comprendre comment les capacités rythmiques sont nées et ont évolué chez l’homme. »

Pour savoir si les mammifères non humains ont le sens du rythme, l’équipe de recherche a décidé d’étudier l’un des rares primates « chanteurs », le lémurien Indri indri, en danger critique d’extinction.

Les chercheurs voulaient savoir si les chants de l’indri avaient un rythme catégorique, un « universel rythmique » que l’on retrouve dans toutes les cultures musicales humaines.

Le rythme est catégorique lorsque les intervalles entre les sons ont exactement la même durée (rythme 1:1) ou une durée double (rythme 1:2). Ce type de rythme rend un chant facilement reconnaissable, même s’il est chanté à des vitesses différentes. Les chants indris présenteraient-ils ce rythme « uniquement humain » ?

Ritardando dans la forêt tropicale

Pendant douze ans, les chercheurs de Turin en Italie ont visité la forêt tropicale de Madagascar pour collaborer avec un groupe local d’étude des primates. Les enquêteurs ont enregistré les chants de vingt groupes d’indri (39 animaux), vivant dans leur habitat naturel.

Les membres d’un groupe familial d’indris ont tendance à chanter ensemble, en duos harmonisés et en chœurs.

L’équipe a constaté que les chants indris présentaient les catégories rythmiques classiques (1:1 et 1:2), ainsi que le « ritardando » ou ralentissement typique de plusieurs traditions musicales. Les chants masculins et féminins avaient un tempo différent mais présentaient le même rythme.

Selon la première auteure, Chiara de Gregorio, et ses collègues, il s’agit de la première preuve d’un « universel rythmique » chez un mammifère non humain. Mais pourquoi un autre primate produirait-il des rythmes catégoriques « semblables à la musique » ?

Cette capacité pourrait avoir évolué indépendamment chez les espèces « chantantes », car le dernier ancêtre commun entre l’homme et l’indri vivait il y a 77,5 millions d’années. Le rythme peut faciliter la production et le traitement des chansons, voire leur apprentissage.

Espèces menacées d’extinction

« Les rythmes catégoriques ne sont que l’un des six universaux qui ont été identifiés jusqu’à présent », explique M. Ravignani.

« Nous aimerions rechercher des preuves de l’existence d’autres universaux, notamment un rythme « répétitif » sous-jacent et une organisation hiérarchique des rythmes – chez les indri et d’autres espèces. »

Les auteurs encouragent d’autres chercheurs à collecter des données sur les indris et d’autres espèces menacées, afin d’être témoins de leurs « démonstrations de chant à couper le souffle. »

(ECOUTEZ le chant du lémurien ci-dessous).

Source : Institut Max Planck de psycholinguistique

Mettez cette recherche dans vos fils d’actualité…

Les dernières actus

Pour continuer

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici