Le virologue du sac d’invité de l’ultra-droite allemande : « Les données sur Covid sont fausses ».

BERLIN – Nous sommes le 4 juillet 2020. Le Conseil européen crucial qui devra ratifier le Fonds de relance pour sauver, surtout, l’Italie et l’Espagne, les pays les plus touchés par le coronavirus, n’est plus très loin. A Berlin, l’Alternative fuer Deutschland, le parti d’extrême droite qui s’est lancé depuis des mois dans la lutte contre les restrictions, bref du côté des non masqués et des négationnistes, invite « le plus important virologiste italien », c’est ainsi qu’il le présente, à tenir une conférence au Bundestag. Il s’agit de Maria Rita Gismondo.

La droite parlementaire allemande est strictement opposée à toute aide à l’Italie. Elle est contre l’hypothèse des transferts, contre les coronabonds, et certains demandent qu’avant d’apporter un quelconque soutien au pays le plus massacré par la peste du siècle, on s’assure que Rome a mis de l’ordre dans ses comptes publics.

L’Afd attend juste d’entendre que l’Italie falsifie les données, que les camions à Bergame étaient vides, que le virus vient de nous, que les morts de Covid sont une poignée et non trente-cinq mille.

Et le virologiste du Sac de Milan ne déçoit pas. Ni les parlementaires de l’Afd, ni un large public de militants qui pendant des mois ont relancé ses propos sur les médias sociaux. En marge de son discours, elle est interviewée par un étrange journaliste qui traite des conspirateurs, des extrémistes de droite et des buffles allemands : Billy Six. Gismondo lui dit que les données du gouvernement italien qui sont publiées quotidiennement « sont fausses », qu’en Italie « seulement dix » patients sont morts « de » coronavirus, les autres « avec ».

À un moment horrible, où sur de nombreux chats allemands, on partage une vidéo dans laquelle on prétend que les images des camions à Bergame remontent en fait à un tremblement de terre et sont fausses, Gismondo est heureux de communiquer au public allemand qu’il « ne peut pas dire » si les camions qui ont choqué le monde « contenaient des cadavres ». Et en tout cas, ces camions « n’auraient pas dû être montrés », dit-il.

Gismondo ne sait peut-être pas que ces images ont énormément contribué au sentiment de solidarité en Allemagne, dans la population et au sein du gouvernement, qui a débloqué la proposition de Fonds de relance.

Le virologiste italien s’en prend également aux masques, met en doute leur efficacité, les qualifie d' »inutiles », voire de « dangereux pour la santé ». Et dans l’interview, ainsi que dans le discours prononcé lors de la conférence, le virologiste de Sacco affirme que le virus était déjà en Italie « peut-être au milieu de l’année 2009 », qu’un passage de la chauve-souris à l’homme est peu probable, plutôt que « un accident de laboratoire ne peut être exclu ».

En bref, les Italiens untori, le gouvernement falsifie les données et les coronavirus sont inoffensifs, sinon liés « à d’autres maladies graves ». Des phrases, celles du « plus important virologiste italien », dans la propagande de l’ultra-droite, qui risquent d’empoisonner pour longtemps le débat public sur la pandémie en Italie.

L’Afd, que les services secrets s’apprêtent à mettre sous observation – une façon de déclarer le parti officiellement dangereux – a assiégé il y a trois semaines au plus tard le Parlement allemand qui votait le paquet anti-Covid, diffusant des théories de conspiration, faisant entrer clandestinement dans le bâtiment des militants qui insultaient le ministre de l’économie Peter Altmaier. Et il est resté pendant des heures sur la place, côte à côte avec des négationnistes, sans masque, sans vax et des néonazis qui se rebellent contre les restrictions depuis des mois.

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