Paris, images de la police réprimant la manifestation des étudiants contre Al Sisi

PARIS – La visite controversée d’Abdel Fatah Al Sisi dans la capitale française continue de réserver des surprises. Après avoir découvert que le président égyptien avait reçu la Grand-Croix de la Légion d’honneur des mains d’Emmanuel Macron, un groupe d’étudiants révèle aujourd’hui que l’inauguration de la Maison de l’Egypte à laquelle Al Sisi devait participer a été reportée à plusieurs reprises et finalement annulée en raison de protestations. Le projet auquel Al Sisi devait participer concerne le campus de la Cité Universitaire, une fondation privée d’intérêt public, financée par l’Etat français, des Etats étrangers et des particuliers, dont de nombreux anciens résidents.

De nombreux pays sont représentés sur ce gigantesque campus du 14e arrondissement, dont l’Italie. Al Sisi devait venir poser la première pierre de sa « Maison » mais l’annonce de l’événement lundi a suscité l’indignation de la communauté universitaire. De nombreux jeunes ont jugé la présence du dictateur incompatible avec les valeurs de tolérance, également mentionnées dans le statut de la Cité.

La lettre de protestation

Certains résidents et anciens résidents italiens ont envoyé une lettre de protestation au régime adressée à la direction de la Maison de l’Italie et de la Cité, avec environ 200 signataires. Face au risque de protestation, la délégation égyptienne a d’abord décidé de reporter la lettre d’un jour. Quand Al Sisi devait arriver, quelques dizaines d’habitants de la Cité se sont rassemblés avec des banderoles et des pancartes portant les noms de prisonniers politiques détenus en Égypte et d’autres victimes, dont Giulio Regeni. « Notre intention était de former une chaîne humaine, dans le respect des mesures sanitaires », explique Armando Angrisani, doctorant à la Sorbonne. « Un nombre disproportionné d’agents en civil nous ont encerclés, entassés les uns sur les autres, et poussés dans une zone isolée du parc », poursuit Agrisani.

Films sur le Net

Une partie des images a circulé sur le Net, provoquant la réaction du président de la Cité, Jean-Marc Sauvé. « Les vidéos peuvent sembler choquantes », admet Mme Sauvé, « mais elles ne montrent pas un usage excessif de la force. Les étudiants ont pu rester sur le campus ». Le président de la Cité rappelle l’alerte terroriste toujours en vigueur à travers les Alpes, qui a été renforcée pour tout chef d’Etat étranger. Le président ajoute ensuite qu’il comprend les demandes des étudiants. « Nous l’avons signalé à la délégation égyptienne », dit Mme Sauvé. Et peut-être, conclut-il, est-ce aussi la raison pour laquelle Al Sisi a finalement décidé de ne pas se présenter à la Cité Universitaire. Un forfait que les étudiants ont pris comme une victoire symbolique alors que les responsables du campus continuent à défendre la nécessité de poursuivre la construction d’une Maison de l’Egypte. « Notre campus a plus de cent ans et s’adresse aux étudiants, pas aux États », explique le président, « on nous loue souvent pour notre géopolitique particulière, pour notre capacité à surmonter les conflits nationaux ou entre les pays représentés ici.

L’idée de donner un foyer aux étudiants égyptiens ne convainc pas certains des étudiants venus défier Al Sisi. « Il y a déjà beaucoup d’Egyptiens à la Cité, dispersés dans les différentes résidences – remarque Angrisani – Au contraire, je crois que l’implication de l’Egypte n’est pas souhaitable. Comment la Cité Universitaire garantira-t-elle l’indépendance de la Maison de l’Egypte par rapport au régime qui l’a financée ? L’existence même d’un comité franco-égyptien à la Cité pourrait constituer un risque pour les résidents égyptiens hostiles au régime. Ces derniers pourraient faire l’objet de discriminations sur une base politique ou, dans le pire des cas, être surveillés puis punis une fois rentrés en Égypte.

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